samedi 29 octobre 2016

La rencontre de novembre des assistantes maternelles : le repas, temps de plaisir et de communication

Novembre à Lyon, c'est le mois de la rencontre des assistantes maternelles qui se réunissent pour parler de l'approche Pikler de l'éducation.

Cette année, c'est autour du temps du repas que nous échangerons. Ce thème avait déjà été abordé en 2011 (si vous cherchez bien il y a même un compte rendu sur ce blog) mais c'était alors Michèle Célarié qui présidait les débats et ce n'était pas dans le cadre de ces rencontres. 

Cette fois c'est Diana ZUMSTEIN, psychologue qui s'y colle : 
Comment les repas du bébé puis de l’enfant, dans leur installation, leur rythme, leur déroulement, peuvent devenir un temps de plaisir gustatif, de soins maternants dans une relation privilégiée avec l’adulte ?



Et, non, cette fois, il n'y aura pas forcément de compte rendu réel de la soirée. Si vous voulez savoir ce qu'il s'y raconte, faut venir !

Public : Tous les professionnels de la petite enfance et de la famille
Avec
Diana ZUMSTEIN Psychologue
Durée Soirée de 19 h 30 à 21 h 30
Dates
24/11/2016
Lieu  
Collège Gilbert Dru 42 r J. Hachette 69003 LYON
Tarif
10 €

lundi 25 janvier 2016

Petite mise au point sur la motricité libre

Si je me lance dans ce post qui va peut-être énerver quelques mamans, c'est parce que depuis quelques mois, je vois un phénomène extraordinaire arriver : il semblerait que la motricité libre devienne peu à peu à la mode ! Jusque là réservée aux professionnels avertis, elle arrive enfin dans les familles, pas dans toutes certes, mais on sent quand même une nette évolution.

Pour ceux qui seraient passés à côté de cette (r)évolution - il serait quand même étonnant que vous soyez arrivés ici par hasard - la motricité libre, est un concept mis en évidence tout au long de sa vie professionnelle par la pédiatre hongroise Emmi Pikler, qui amène "à considérer l'enfant comme une personne, dès le plus jeune âge, capable d'initiative, compétente, et capable de prendre une part active à son propre développement". Ainsi on laissera évoluer le bébé à son rythme sans jamais interférer dans ses mouvements, sans le mettre par exemple dans des postures qu'il n'a pas encore découvertes de lui-même et qu'il n'est pas encore prêt à adopter, L'enfant a alors la joie de découvrir ces postures par lui-même et prend confiance en ses propres capacités.

Photo tirée du site de l'association Pikler Loczy




Mon article n'a pas pour but de vous expliquer en détail ce qu'est la motricité libre ou motricité autonome, mais de vous parler de ce que, à mon sens, elle n'est pas. En parcourant les réseaux sociaux, je me suis en effet aperçue que si ce concept était en vogue, on semblait oublier totalement d'où il venait et quel était son véritable but.



1) La motricité libre, ce n'est pas du Montessori :


C'est la première bizarrerie que j'ai remarquée. Dans les groupes facebook traitant du sujet par exemple, on parle plus de Maria Montessori que d'Emmi Pikler qui est quand même le pédiatre à la base du concept. Pourtant si les deux approches ont en effet en commun de porter une attention particulière à l'enfant par l'observation, de favoriser son autonomie et son indépendance, elles diffèrent quand même sur certains points.

Certains jouets importants chez Montessori ne seront pas du tout utilisés chez Pikler et même considéré comme gênant la motricité libre de l'enfant. Le mobile par exemple :"placé au-dessus de la tête de l’enfant et hors de la portée de ses mains, seul son regard est sollicité. L’agitation que peut provoquer un tel objet se calmerait si l’enfant pouvait l’attraper, le manipuler, en découvrir les différentes caractéristiques, ce qui n’est pas le cas. Présenté comme un jouet que l’enfant va regarder, il est plutôt destiné à la décoration".

Il en sera de même pour le portique : bien que Maria Montessori n'en ai certainement jamais vu de sa vie, il est devenu un élément essentiel de l'ambiance du  nido montessorien si j'en crois les photos qui circulent sur le net, il ne sera pas utilisé par les adeptes pikleriens de la motricité libre. "les objets suspendus, difficiles à atteindre, limitent l’intérêt du portique. Et si l’enfant peut attraper un des objets, il ne peut le porter à sa bouche, ni le manipuler, le tourner, le rapprocher, l’éloigner comme il le veut. De même, l’action que l’enfant peut exercer sur l’objet est limitée. Il peut, certes, taper dessus ou le tirer, mais lorsqu’il le lâche, l’objet reste suspendu au lieu de tomber : il reçoit une fausse information. Certains enfants manifestent même de l’agacement face à cette stimulation permanente occasionnée par des objets en mouvement dans son champ visuel alors qu’il n’est pas encore capable de s’en éloigner de lui-même. Soulignons également qu’avant 3 mois, en détournant l’attention de l’enfant, la présence du portique le gêne dans la découverte de ses mains." 

2) La motricité libre, ce n'est pas vraiment du Michèle Forestier :

Toujours sur ces fameux réseaux sociaux j'ai aussi pu remarquer que lorsqu' une personne novice demande ce qu'elle pourrait bien lire pour découvrir la motricité libre, l'ouvrage le plus cité est celui de la kinésithérapeute Michèle Forestier : "De la naissance aux premiers pas". 



Là je suis bien embêtée car oui ce livre est génial, plaisant à lire, bien illustré et accessible au plus grand nombre mais bien que l'idée de départ soit bien la motricité libre, l'auteur, dans la méthode qu'elle propose s'en éloigne pourtant un peu. C'est vrai le postulat de départ est là : on ne place jamais un enfant dans une position qu'il n'a pas acquise de lui-même, on ne le fait pas marcher en lui tenant les bras en l'air.... la motricité libre dans son ensemble est bien expliquée mais ce qu'elle propose elle, c'est un accompagnement sur la base de cette motricité libre et non de la motricité libre. Ainsi elle présente toute une série d'exercices pour aider l'enfant dans ses découvertes motrices. 

J'ai eu la chance d'assister à une conférence où elle présentait son ouvrage. C'est vrai qu'elle explique très bien pourquoi elle propose cet accompagnement. Au départ ces exercices sont faits pour aider l'enfant quand un problème est rencontré et que la motricité ne se met pas en place correctement. Si l'enfant est génétiquement programmé pour se hisser sur ses deux jambes, il peut arriver que des éléments viennent effectivement perturber cette belle mécanique. Les solutions que Michèle Forestier propose sont alors très intéressantes, d'autant plus qu'elles ne vont pas à l'encontre de la motricité libre mais en tiennent toujours compte. Là où je suis plus gênée, c'est que finalement cet accompagnement direct, ces exercices, elle nous suggère de les utiliser pour tous les enfants, et non pas seulement ceux en difficulté, notamment en accueil collectif afin de ne pas passer à côté d'un éventuel problème. Je pense pour ma part, qu'avec une bonne observation et un bon accompagnement indirect (c'est à dire sur l'environnement et non sur l'enfant), on se rend très vite compte si une difficulté s'installe et on peut se permettre de n'accompagner que ceux qui en ont réellement besoin. J'ai moi-même utilisé ses conseils lorsque j'ai travaillé en crèche en adaptant ma façon de prendre un bébé dans mes bras lorsque celui-ci semblait avoir des difficultés à passer de la position plat dos à la position plat ventre.

La position plat ventre justement, parlons-en ! Normalement c'est une position que l'enfant doit découvrir seul. En motricité libre on ne place pas sur le ventre un enfant qui ne sait pas s'y mettre seul. Michèle Forestier pense au contraire qu'il ne faut pas hésiter à proposer à l'enfant cette position. Elle argumente son choix par le fait que de plus en plus d'enfants semblent ne pas apprécier cette position et qu'il faut donc les inciter à se retourner le plus tôt possible afin de leur permettre de faire plus de découvertes. Elle pense que cette situation est liée à la façon de coucher les enfants. Avant selon elle, on couchait les enfants sur le ventre et ils étaient donc habitués très tôt à cette position. Désormais on les couche sur le dos et ne sont donc plus du tout à l'aise sur le ventre. Je ne me souviens pas avoir vu des enfants couchés sur le ventre dans les films présentant la pouponnière de Loczy mais, c'est vrai que son raisonnement demande réflexion.

"De la naissance aux premiers pas" permet en tout cas de répertorier tout ce qui est proscrit lorsqu'on fait pratiquer la motricité libre et rien que pour cela, il peut effectivement aider les débutants.

Le site de Michèle Forestier : http://michele-forestier.fr/


3) La motricité libre, ce n'est pas du grand n'importe quoi : 

Je vais aborder là le sujet qui me tracasse le plus. Je vois de nombreuses photos circuler sur lesquelles nous pouvons voir des petits se mettre clairement en danger avec en titre "Vive la motricité libre". Alors là, je vais sans doute me fâcher avec certains d'entre vous mais je suis désolée, un enfant qui crapahute tout en haut d'un arbre à chat par exemple, ce n'est pas de la motricité libre ! Un bébé debout sur une chaise, elle même posée sur une table, elle même entreposée sur un balcon, non ce c'est pas de la motricité libre ! Ce n'est pas parce que l'enfant est laissé libre de ses mouvements qu'on doit le laisser faire n'importe quoi. La motricité libre doit être pratiquée dans un endroit sécurisé, et l'environnement doit être étudié pour que l'enfant puisse exercer sa motricité sans danger. Sans pour autant capitonner son appartement, et tout en faisant confiance à son enfant, on ne doit tout de même pas tenter le diable!

En partageant ce genre de photos, j'ai bien peur que vous finissiez par nous faire tous passer pour des inconscients. Certes, les enfants qui pratiquent la motricité libre sont très à l'aise dans leur corps, plutôt agiles, se font rarement mal, connaissent bien leur centre de gravité et se sortent généralement bien de toutes les situations, mais il ne faudrait pas laisser croire qu'ils deviennent tous des casses cou, qui escaladent tout ce qu'ils croisent sur leur chemin donnant au passage des sueurs froides à leurs parents. La plupart de ces enfants sont au contraire plutôt prudents, ne se lançant dans une exploration que lorsqu'ils ont réfléchi à la façon de faire. Ils sont généralement posés car ils ont confiance en leurs capacités et en l'adulte qui s'occupe d'eux. Certains enfants c'est vrai sont des électrons libres et vont pousser l'exploration un peu plus loin que les autres. Mais il y a fort à parier que ces petits là auraient fait la même chose sans la motricité libre.


Au même titre que les photos, certaines de vos questions m'interpellent aussi beaucoup. "Comment faîtes-vous dans la rue pour respecter la motricité libre", ou "chez des amis quand leur maison comporte des dangers" ? Franchement je ne me suis jamais posé ce genre de question. Dans la rue un enfant qui marche à peine doit être tenu par la main, porté ou posé dans une poussette. Un point c'est tout !  Il me semble que la motricité libre n'a pas sa place dans la rue au milieu des voitures ! C'est une question de bon sens. Ce serait vraiment dommage de discréditer la motricité libre avec des comportements extrémistes. Qu'en pensez-vous ?


Les textes en italique sont tirés du livre :
 L’activité libre du jeune enfant, choix de jouets, d’objets et de jeux
Hors série Métiers de la petite enfance – mai 2008 Association Pikler Loczy deFrance