vendredi 18 juin 2010

Rencontres Pikler : La motricité du tout petit et son accompagnement par l'assistante maternelle

J'ai la chance d'habiter sur Lyon et de pouvoir ainsi assister régulièrement  aux réunions du groupe Pikler de la ville. Pour info, l’association Pikler réalise de nombreuses formations, conférences ou soirée débat, à Paris mais aussi en région. Vous trouverez leur programme ici :


Afin de vous donner un aperçu de ce que vous pouvez attendre de leurs réunions, et de vous donner envie d'y assister j'espère, je vous propose aujourd'hui un ancien cr  que j'avais posté à l'époque sur le forum. (oui je sais ça date un peu mais j'avais envie de vous causer très vite de motricité libre et j'ai rien de plus neuf sous le coude).

La réunion avait pour thème la motricité du tout petit et son accompagnement par l’assistante maternelle. Elle se déroulait dans le cadre des « Rencontres de Novembre des assistantes maternelles », soirée spéciale assistantes maternelles car en préambule l’animatrice  nous a précisé que notre métier était très peu représenté dans les autres réunions du groupe (pas présent, ou noyé dans la masse des autres professions). Il est donc apparu nécessaire de réaliser une rencontre spéciale pour nous.
Habituellement, je n’aime pas trop ce genre de rencontres entre collègues car j’ai remarqué que les assmats présentes sont souvent là contraintes et forcées la plupart du temps par leur crèche familiale et que du coup la qualité de l’auditoire s'avère médiocre et gêne le bon déroulement de la soirée. Cette fois-ci, je tire mon chapeau à l’ensemble des personnes présentes. Elles ont été exemplaires !!! Attentives, posant des questions pertinentes. Nous étions certes moins nombreuses mais toutes très intéressées, preuve que la mayonnaise commence à prendre peut être et que cette idée de motricité libre se fait enfin connaître.

La réunion a donc porté sur la connaissance du développement psychomoteur de l’enfant et de la façon dont on peut l’accompagner. L’intervenante était Sylvie Lavergne psychomotricienne.

Elle nous a en premier lieu défini la motricité comme le mode d’être corporel des enfants et nous a tout de suite invitées à ne pas tomber dans le « traquenard » de la comparaison, nous demandant d’avoir un regard unique envers chaque enfant.

Pour bien comprendre l’intérêt de la motricité libre il faut bien avoir en tête que l’enfant a une dynamique de développement. Tout enfant naît avec en préparation, le développement moteur prêt à s’exprimer (même un enfant handicapé). Ce bagage s’exprimera à son propre niveau. On accueille un enfant qui a tout ce qui lui faut, mais tout seul, il ne peut rien faire. Il est dépendant de nous. Il faut l’accompagner. On se place donc aidant, au côté de l’enfant, en lui faisant confiance. On doit se demander comment faire pour créer les conditions pour mettre en route le développement moteur de l’enfant. Cet enfant n’est pas fini ; il est en train de….. Il faut donc accueillir le bébé dans son immaturité.

Pour cela il faut savoir que tout enfant qui est invité à se découvrir passe par les mêmes étapes que les autres, chacun à son rythme propre. Ces étapes peuvent se diviser en deux grandes parties :

1° les Postures

2° les déplacements.

Pour simplifier les choses je vous joins ci-dessous un tableau vous décomposant ces différents stades.


I Les postures

Parlons tout d’abord des postures que l’on peut résumer par « placer son corps dans un rapport à l’espace ». C’est un gros travail pour le bébé que d’acquérir ces différentes postures.

Le plat dos :
La base fondamentale de la motricité libre sera de placer le bébé toujours à plat dos. Comme cela il ne subit pas ni masse, ni poids, ni déséquilibre trop important et dans tous les cas, pas de chute. Le corps est étalé, détendu, respirant. Il n’y a pas d’entrave par l’apesanteur ni de tension pour lutter contre la chute. Lorsque l’on place le tout petit dans une autre position, il en découle un enfermement du corps. L’enfant le retient. A plat dos au contraire, il réalise l’inventaire de son corps, une globalisation progressive de son corps. Il récupère les infos.

Le plat ventre :
On ne met pas l’enfant à plat ventre. Il se met à plat ventre. Même si il sait déjà le faire, on repassera toujours à plat dos d’abord qui est la posture de départ, celle qu’il connaît le mieux. Le plat ventre c’est le début de la verticalité. Il se repère dans l’espace pour pouvoir commencer les déplacements. Il n’est pas encore verticalisé.

La position assise :
Le bébé se met assis. Il se place dans l’axe vertical Il acquière un certain tonus qui lui permettra de passer à la verticalité. Il est important de ne pas brûler les étapes et de ne pas asseoir l’enfant car un enfant mis assis tasse sa colonne. Là, mon animatrice préférée nous a invitées à réfléchir sur le paradoxe du réflexe du coussin que l’on a toutes eu à un moment ou à un autre. Quand on assoit le bébé, on ne lui veut que du bien normalement, or, nous avons toutes ce réflexe d’installer un coussin derrière lui car on sait qu’il peut tomber. On crée donc nous même des conditions que l’on sait « insécuritaire » pour lui. Paradoxal non ? Plus généralement, un enfant mis assis ne peut pas quitter cette station assise. Il est donc dépendant de nous. On reconnaît un enfant qui n’a pas été mis assis à la position de ses jambes. Un enfant qui s’assoit seul a une jambe devant et une jambe derrière pour trouver son équilibre (jamais les deux jambes écartées en avant).

Les conditions :
Pour mettre un enfant en motricité libre il suffit donc d’un tapis, plan, ferme de 2 ou 3 cm d’épaisseur. L’animatrice nous conseille les tapis de motricité que l’on trouve en crèche ou dans les écoles mais nous conseille de le recouvrir d’un drap (housse de préférence pour ne pas faire de plis lors des tentatives de déplacements) pour avoir une température correcte, le plastique recouvrant les tapis pouvant paraître froid à l’enfant. Elle nous conseille aussi l’unité de lieu : placer toujours le tapis au même endroit pour que l’enfant se repère. On peut pour les besoins de notre profession avoir besoin de séparer ce « coin » bébé de l’aire de jeux des grands. On mettra alors un traversin autour pour délimiter l’espace. La psychomotricienne ne semblait pas être « pro-parc ». Elle a notamment expliqué qu’un parc pouvait donner aux plus grands des envies de transgresser cet interdit que représente la barrière, transgression paraissant d’autant plus intéressante qu’elle permet une régression de l’enfant qui se retrouve avec les plus petits. C’est ce qu’elle a expliqué à une assmat qui se demandait pourquoi sa fille venait toujours « embêter » les petits quand ils étaient dans la salle de jeux. Pour elle, le fait que les bébés soient habituellement placés dans un parc (donc séparés des grands) les rendait d’autant plus intéressants pour la petite une fois qu’ils étaient tous rassemblés. Un simple traversin pour délimiter l’aire de jeu des grands et des petits parait plus judicieux. L’interdiction ne saute pas aux yeux.

II les déplacements.
Pour les déplacements, je vous invite une nouvelle fois à vous reporter au tableau.
Le premier des déplacements est donc le passage dos-ventre. On remarquera que l’enfant réalise toujours ce déplacement en partant de la même épaule. Il est important de repérer le côté de prédilection de l’enfant pour pouvoir le remettre sur le dos lors qu’il se trouve coincé. Pour ne pas le déséquilibrer, nous devons repasser par le même côté que lui, en plaçant une main sur l’épaule qu’il connaît et une main sur le bassin. On ne le prendra jamais dans les bras directement en position plat ventre. On repassera par la position plat-dos.
On notera aussi que l’enfant apprend à marcher par le 4 pattes, que s’il y a un « raté » il repassera toujours par le déplacement qu’il a acquit ultérieurement. C’est une sécurité naturelle.

La réunion s’est terminée par le visionnage d’un petit film réalisé dans des groupes d’assistantes maternelles en plein stage de motricité libre. On y voit donc des enfants en séance. On peut remarquer qu’il y a très peu de jeux du commerce. Beaucoup de bassines, de bouées, de cartons. On remarque par contre beaucoup de tétines dans la bouche des bébés. La psychomotricienne nous indique que c’est parce qu’il s’agit d'un groupe d’assistantes maternelles débutant la formation et qu’elles ont donc besoin de se rassurer en même temps qu’elles pensent rassurer le bébé. Elle nous fait part de son projet de les amener progressivement à enlever les tétines car l’enfant ne peut pas profiter pleinement de son activité si sa bouche n’est pas libre.

Voila ceci termine mon petit cr. Je voulais aussi vous signaler la présence dans la salle pour la première fois, de 2 étudiants en psychologie venus épauler les membres du groupe en même temps qu’ils venaient s’informer sur le sujet. Preuve aussi que ça avance et que peut être un jour nous ne verront plus de « bébés-culbuto »

Sur Lyon, les prochaines rencontres "Assistantes Maternelles" du groupe Pikler se dérouleront le 18 novembre 2010. Pour en savoir plus :