lundi 22 novembre 2010

Séparations et retrouvailles : réunion de l'association Pikler du 18 novembre 2010


Chose promise, chose due (petit clin d’œil personnel à l’animatrice de mon relais ainsi qu’à Sylvie Lavergne, ma psychomotricienne préférée) voici mon compte-rendu de la réunion Pikler du 18 novembre dernier à Lyon.

Cette réunion avait lieu dans le cadre des « rencontres de novembre des assistantes maternelles » que le groupe de Lyon de l’Association Pikler-Lóczy - France- Pour une réflexion sur l’enfant- propose chaque année à la même période.

Ces réunions ont pour particularité de n’être ouvertes qu’aux assistantes maternelles afin que celles-ci ne soient pas noyées dans la masse des autres professionnelles de la petite enfance. Cela permet ainsi d’aborder des sujets spécifiques à notre profession.

Cette année, elle avait pour thème « séparations et retrouvailles ». Elle était animée par Sylvie Mugnier, psychologue et intervenante régulière de l’association.

Il faut bien dire que peu d’assistantes maternelles avaient fait le déplacement. Nous étions en effet beaucoup moins nombreuses que d’habitude (une vingtaine d’abord, puis une trentaine lorsque les retardataires sont enfin arrivées. Mesdames, s’il vous plaît, la prochaine fois, pensez que le collège Gilbert Dru est situé dans un quartier assez pauvre en places de stationnement !!!). Il s’agissait pourtant d’un thème de la plus haute importance dans notre profession. Peut être a-t-il été annoncé trop tardivement. On peut se consoler en pensant qu’au moins, toutes les personnes présentes étaient réellement intéressées par le sujet.


Mais venons-en au sujet justement. Tout au long de la réunion nous avons abordé le thème sous les différentes formes qu’il peut revêtir du début à la fin d’un contrat avec une assistante maternelle.

I Les débuts de l’accueil :

La psychologue nous a invitées à nous poser différentes questions sur ce que représente la séparation. Comment l’enfant vit-il cela et comment on peut le préparer ? Il est important d’y réfléchir pour permettre à l’enfant de le vivre le mieux possible. On doit s’interroger sur ce que cela lui fait éprouver et sur ce dont il a besoin.

Toute sa vie l’enfant connaîtra des séparations. Cela participe à son développement. C’est donc tout à fait souhaitable. Se séparer, ça permet à l’enfant de devenir lui-même, de devenir grand. Les séparations provoquent des sentiments de malaise pour l’enfant et pour l’adulte. Çà ne va pas de soi, même pour les adultes. Nous éprouvons une sorte de tiraillement, de conflit car cela correspond à une crainte de se détacher et d’aller vers un endroit nouveau.

a) Pour l’enfant :

Les réactions face à l’inconnu de la séparation seront différentes en fonction de l’âge de l’enfant. On a pensé pendant longtemps que pour le bébé, ce n’était pas important, que c’était facile. C’était une affirmation trop rapide. Ce n’est pas parce que le bébé ne dit rien qu’il y est insensible. On pensait cela car on ne faisait pas attention aux expressions du bébé qui sont discrètes. Ce sont des manifestations réelles mais qu’il faut savoir décoder. Il ne faut jamais oublier que les bébés ont déjà toute une histoire avec leurs parents quand ils arrivent chez l’assistante maternelle à l’âge de 2 mois et demi en général. La mère le connaît. Elle est dévouée à son bébé. Elle commence à savoir comment le consoler. De plus, chaque relation mère-bébé est unique. Dans chaque famille, la mère a une relation particulière avec chaque enfant. Le bébé s’y habitue (portage, bercements) ; il connaît sa voix, son odeur. Il a déjà trouvé un rythme. Cette fiabilité du quotidien est sécurisante pour lui. De plus, Il a l’impression que sa mère n’est pas une personne indépendante. Le bébé et la mère sont confondus (relation fusionnelle). Grandir c’est sortir de cette situation de dépendance.

Nous avons désormais pris conscience des réactions du petit bébé. Ces réactions passent par le langage corporel et les attitudes. Il faut faire attention aux tensions dans son corps, quand il est porté, à la manière de détourner le regard, aux pleurs particuliers ou à leur absence. Certains bébés vont dormir beaucoup (ils s’absentent) et d’autres pas du tout (troubles du sommeil). On peut même voir apparaître le développement de maladies (fièvres). Il exprime son désarroi par rapport à cette situation. Tout petit, il ne sait pas encore, si, quand sa mère part, elle va revenir. Plus tard, quand il grandira, il pourra s’exprimer plus directement car il saura se différencier des personnes. Mais à 5 ou 6 mois, il lui faudra encore du temps pour se rendre compte que sa mère est revenue.

A 7 ou 8 mois, il a plus de capacités mais plus de souffrances aussi car il sait qui est sa mère. Au moment où il sait reconnaître sa mère, il a peur de la perdre.

La présentation de l’enfant à l’assistante maternelle revêt donc une importance capitale. Il est important de reconnaître le désarroi de l’enfant qui est réel, de lui signifier qu’on comprend. La tâche est ardue car ce n’est pas facile pour nous, donc repérer les signes de ce désarroi n’est pas si évident. Il est éprouvé, triste, il faut lui dire pour qu’il se sente moins seul, le préparer le mieux possible, aménager les situations.

b) Pour la mère :

Ce n’est pas simple non plus pour la mère qui doit confier son enfant. Il faut qu’elle fasse confiance mais elle a besoin de se rassurer. Il y a des craintes multiples qu’il faut verbaliser. Certaines fois, il n’y a pas de questions : c’est souvent pour se protéger, mais ça n’aide pas.

c) Pour l’assistante maternelle :

L’assistante maternelle, elle aussi, ressent des craintes. Car il ne faut pas oublier que la rencontre avec le petit enfant ravive toujours quelque chose de notre propre histoire. Çà fait écho avec le bébé qu’on a été et à la façon dont on a été mère.

II L’adaptation :

Il va donc falloir mettre en place une adaptation progressive avec des visites répétées, fréquentes.

a) Pour l’enfant :

L’enfant doit sentir concrètement que la séparation n’est pas définitive. L’important c’est la qualité de l’échange. Nous devons informer l’enfant, lui expliquer pour qu’il puisse faire connaissance de la maison, de la voix de l’assistante maternelle, en présence de sa mère. Il lui faut encore du connu (le drap de son lit par exemple, où la nacelle de sa propre poussette pour sa sieste plutôt qu’un lit inconnu). Le but c’est d’aider le bébé à vivre les changements sans désorganisation. S’il reçoit des soins de qualité, il est dans la continuité. Il ne vit pas de rupture. Il poursuit son développement et retrouvera plus facilement les parents.

Pour les parents :

Il peut être bon de faire connaissance avec l’assistante maternelle en présence des autres enfants accueillis pour arriver à faire confiance. Au début la mère doit s’occuper elle-même de son bébé afin que l’assistante maternelle puisse prendre connaissance de la façon dont elle prend soin de son enfant, non pas pour juger, mais pour être dans une certaine continuité.

Pour les assistantes maternelles :

il faut aussi du temps pour faire connaissance avec les parents et le bébé. Il faut qu’elle trouve sa place qui est différente de la place des parents. Elle devra par exemple toujours laisser à la mère l’introduction des nouveautés. Elle doit se rendre disponible pour les moments d’échanges. Elle devra attendre que l’enfant soit prêt à aller dans ses bras avant de le prendre et pour cela attendre l’apparition des 1ers signes (sourires, regards….) Le premier biberon ne sera donné que si l’enfant est détendu dans les bras. Il peut être judicieux aussi que la maman soit présente au réveil de la première sieste.


III Les séparations quotidiennes :

Après une adaptation réussie, il s’agira de garder en mémoire ce que signifient pour l’enfant ces séparations et ces retrouvailles. Car tous les jours, tout au long de l’accueil, ce phénomène va être réactivé par l’arrivée des parents. Cette situation n’est pas toujours simple. Il faut continuer à être vigilant. Ce n’est pas parce qu’on connaît bien l’enfant et ses parents qu’il ne faut pas être attentif. Selon les situations particulières c’est plus ou moins facile. Dans son comportement de l’enfant cherche à garder le contrôle. Chacun doit se séparer en sécurité.

La vie de l’enfant chez l’assistante maternelle est marquée par la régularité et la continuité (du moins elle devrait l’être). L’enfant a vécu des choses importantes, repérables. Tout est remis en question par l’arrivée des parents. A ce moment là, l’enfant peut avoir un comportement pour le moins étrange (On pourrait croire qu’il est en colère après eux). Les retrouvailles ne sont pas toujours idéales. C’est comme si il fallait se recomposer intérieurement. L’enfant a besoin de temps. A moins de 1 an, il n’a même pas conscience qu’il est lui-même. Il ressent donc des sentiments ambivalents qui peuvent se concrétiser par des pleurs, cris, tensions, des regards qui se détournent des raidissements du corps, des transgressions plus ou moins impressionnantes. On peut le comprendre. Cet enfant ressent un mélange de sentiments : L’amour de ses parents mais aussi des sentiments moins agréables. C’est comme un conflit de loyauté, une contradiction. Il doit découvrir qu’il est possible d’aimer sa mère et son assistante maternelle. Il exprime son trouble interne. Il peut vouloir s’assurer que la relation entre les parents et l’assistante maternelle continuent à exister. Il veut vérifier la situation. Il faut le vivre avec l’enfant. Quand l’enfant tape ses parents par exemple, c’est bien souvent parce qu’il n’a pas de mots pour montrer son désarroi. Plutôt que de se contenter de régler le problème en faisant preuve d’autorité, on devrait réfléchir à la situation. Comment peut-on accompagner l’enfant ? Pourquoi fait-il cela? A-t-il été bien préparé ? L’enfant a du mal à se sentir réuni. L’assistante maternelle doit tenter de trouver des réponses quand l’enfant est débordé par ses émotions. Chaque cas sera donc particulier. Là, certains d’entre vous vont être déçus car peut être auriez-vous aimé trouver des solutions toutes faites à ce genre de problèmes. Une sorte de mode d’emploi style « Les séparations et les retrouvailles pour les nuls ». Il ne faut pas oublier que la réunion était animée par une psychologue et non pas par un « coach sportif ». Comme toute bonne psychologue, son but était de nous amener à nous poser nous-mêmes les bonnes questions et à trouver en nous, les solutions les plus adaptées, en ayant à l'esprit que le comportement du bébé a toujours un sens. Les questions viennent d’ailleurs d’elles-mêmes lorsqu’on a pris conscience de ce que ces moments représentent pour l’enfant.

J’ai parlé des séparations, peut être parce que cela me touchait plus personnellement, mais les remarques sont évidemment les mêmes en ce qui concernent les retrouvailles du matin. En cas de difficultés, il faudra s’interroger sur la façon dont on s’installe, où est-ce que l’on est, que se dit-on … On notera donc l’importance de bien s’entendre avec les parents et de bien comprendre leur démarche pour que l’enfant se sente en sécurité. Il est ainsi judicieux d’instaurer un décalage des horaires entre les différentes familles pour les arrivées et les départs, afin d’avoir du temps pour chacun.

IV Les fins de contrats :

On ne peut évidemment pas passer sous silence la dernière façon d’aborder le sujet bien que nous ne l’ayons que survolé : les séparations dues à la fin des contrats. Que dire sinon, de continuer sur la même lancée en s’interrogeant à l’avance sur la façon dont tout le monde va le vivre : enfant, assistante maternelle, parents. On peut ressentir le besoin de préparer un petit album photo que l’on donnera à l’enfant, enfant que l’on reverra ou pas selon les motivations du départ et les aléas de la vie.

Ainsi s’achève mon compte rendu. L’exposé de Sylvie Mugnier a été suivi d’un petit temps d’échange où les assistantes maternelles ont pu exposer des problèmes plus personnels. Je ne vous en dirais rien, d’abord justement parce qu’il s’agissait de cas personnels et aussi parce que vous n’aviez qu’à être présents !!!! Voila !! J’espère que pour la prochaine réunion la salle sera comble. Elle aura lieu le 17 février 2011. Elle concernera cette fois tous les professionnels de la petite enfance. Elle aura pour thème : l’enfant dans sa deuxième année. Je vous en reparlerai sur la page lyonnaise.


lundi 5 juillet 2010

Les jeux et jouets

Parmi les nombreuses réunions auxquelles j’ai assisté à l’association Pikler, beaucoup traitaient du jeu, activité principale du très jeune enfant. Je vais tenter de vous en faire un petit résumé en mixant toutes les informations que j’ai retenues. Il s’agira bien entendu d'aborder le thème dans l'approche et la pensée Pikler

Il sera donc question des jouets que l'on propose aux tout petits mais aussi et surtout des conditions dans lesquelles on leur donne.

La première chose évidemment c'est de donner des jeux en adéquation avec ce que le petit sait faire, l'installer dans des conditions favorables, dans un environnement connu pour qu'il joue durablement, en confiance. On permet à l'enfant d'avoir une activité libre émanant de la motricité libre chère à Pikler.



Il y a pour cela quelques règles à respecter :

1 : la notion de temps et de répétition :
L’enfant invente ses propres règles avant même d’avoir connaissance du mode d’emploi de l’objet. Il faut laisser libre cours à la répétition devant l’échec sans intervention de l’adulte. La consigne verbale n’est pas efficace, la réussite vraie n’est que dans l’expérimentation propre à l’enfant : laisser l’enfant « tâtonner ». Ne pas montrer à l'enfant comment il doit jouer, ne pas mettre l'objet dans la main de l'enfant, ne pas agiter l'objet devant les yeux du bébé, ne pas jouer à la place de l'enfant, rester à sa place d'adulte. Pour le tout petit cela peut être source de stress ou d'agacement : vous ne savez pas si il était prêt à recevoir votre proposition. Pour les plus grands, vous allez d'une façon plus ou moins consciente diriger le jeu de l'enfant et jouer à sa place.

Ne pas oublier que l'enfant a besoin de temps, de répétition et de pauses. L'activité libre a besoin de s'installer dans la durée Il ne faudra donc pas déranger l'enfant dans le jeu même si il semble ne rien faire.

2 : la notion de sécurité en tenant compte des capacités physiques et psychiques de l’enfant en lien étroit avec sa maturité.
On placera l'enfant en sécurité. Les jeux sont placés au sol pour les tout petits et ensuite on adapte le positionnement au développement de l'enfant. Les jeux pour les plus grands seront disposés sur des étagères ou tout simplement le long des plinthes, dans des contenants divers et variés qui ne doivent jamais être trop remplis.

3 : la notion pédagogique qui est indicatrice de l’apprentissage et des acquis propres à l’enfant :
Il faut s'intéresser à la valeur pédagogique de l'objet (ou jouet) proposé. Cela doit lui permettre d'entrer en contact avec lui-même et avec le monde. Il doit permettre son développement psychique, moteur et cognitif. Ne pas oublier que cela va représenter les fondations de ce que le niveau scolaire va lui demander. Il faudra donc lui donner des jouets en adéquation avec son niveau. Un exemple : les boites gigognes sont très compliquées pour un tout petit : la petite boite va toujours rentrer dans la grande mais la grande ne rentrera jamais dans la petite.... malgré ses efforts, alors pourquoi ne pas proposer d'abord à l'enfant de jouer avec les fameux verres en plastique Ikéa. Au moins ils sont tous empilables.



On installera donc l'enfant dans un endroit toujours identique, on placera les objets de façon pertinente. Il faudra attendre qu'il soit capable de bouger pour éloigner les objets. L'enfant doit pouvoir prendre le jouet lui-même pour ne pas être dépendant de l'adulte. Il faut aussi remettre l'espace en place régulièrement pour qu'il soit toujours stable. Les jouets donnés doivent être simples pour que sur une base simple l'enfant puisse faire toutes sortes de manipulations. Les objets du quotidien font très bien l'affaire (voir en fin d’article quelques exemples d’objets à proposer)
Les jeux plus complexes doivent être présentés d'abord de façon simplifiée (exemple au départ on ne mélangera pas des légos carrés et d'autres rectangulaires)
Pour les plus grands, on ne présentera pas les jeux de façon scénarisée. Par exemple on placera la ferme et à côté un contenant avec les animaux. Il faut éviter d'intervenir car si on intervient trop, on rend l’enfant dépendant de nous et on arrive au résultat inverse à ce que l'on voulait au départ.
Prenons exemple des jeux d'encastrement que l'on propose aux enfant : on a tous tendance à montrer à l'enfant comment remettre la pièce qu'il vient d'enlever. On pense que le but du jeu est qu'il arrive le plus rapidement possible à remettre la pièce en place. Or pour l'enfant le plus important c'est le cheminement de toutes les différentes étapes qui vont l'amener à comprendre le but du jeu. Il est donc très important de le laisser s'amuser avec la pièce, la toucher, la sucer, jouer avec de n'importe quelle façon et le laisser découvrir de lui même petit à petit que la forme qu'il a dans la main est la même que celle qui se trouve sur l'autre partie du jeu et qu'elles peuvent donc s'encastrer l'une dans l'autre.
Nous devons souligner aussi la différence entre l'activité libre et l'activité proposée :

De l’une découle une notion de plaisir, de gratuité, de l’autre une activité avec ses règles.

L’activité libre est une aide à l’enfant qui est alors « auteur, compositeur, interprète » de sa découverte, de son activité. Elle permet à l’enfant de se découvrir, de se comprendre, de se connaître. Les jeux restent à disposition de l’enfant.
L’activité proposée est une activité dite d’éveil, elle incite l’enfant à l’aspect créatif des choses à l’aide d’un support proposé. Elle incite de même l’enfant à avoir un usage de lui dans un cadre. Mais elle reste réservée à l’enfant plus grand car ce dernier se connaît. Elle lui apporte des outils du monde. Seul, l’enfant qui se connaît est capable de les explorer.

Passer de l’une à l’autre, c’est passer du "jeu" au « je »
Les deux activités doivent conduire l’enfant à s’apprendre en tant que petit enfant et mettent à sa disposition ce dont il a besoin en le laissant aller au bout de ce qu’il a entreprit tant que son intérêt reste présent.

Les activités, les jeux ne peuvent être imposés à l’enfant, ils impliquent une participation libre (l’enfant vient, part, revient, repart …etc.) ainsi que son libre consentement.

La contrainte et le jeu sont antinomiques.

Pour conclure, voici donc une liste non exhaustive des objets et jouets à proposer.


1 ) Les jouets du premier âge laissés à disposition et non mis en main  :

Des objets simples : carrés de tissus différents, anneaux bois (anneaux de rideaux), sphères plastiques (boules de sèche-linge à picots, repose-savon-ventouses, .volant badminton …), métal … bouées (intéressantes pour leur légèreté)

Des contenants : seaux, paniers, petit caddie, panières à linge, bassines…


2) Entre 1 et 2 ans :

L’enfant est dans l’exploration du « territoire » laissé à sa disposition ( attention aux consignes de sécurité) : il n’est plus cantonné dans le coin des petits, il promène ses jeux … il explore la cuisine, la maison …Cela peut être bénéfique de lui laisser un placard avec des objets d’usage liés à la pièce, réservé à lui : mini passoire, casserole, torchon, flacons (soigneusement vidés et rebouchés : toujours garder à l'esprit la notion de sécurité)

3) Entre 2 et 3 ans :

L’enfant se situe principalement dans l’imitation. A ce stade, il faut faire attention à la juste quantité et au rangement.

• La plus juste quantité : rien ne sert d’avoir 15 assiettes pour la dînette, 4 suffisent, accompagnées des 4 verres, 4 couverts, torchons, serviettes …

• Le rangement s’effectuera par thèmes, dans de petites caisses, seaux, bassines…Ces contenants restent à l’échelle de l’enfant et chaque chose possède sa place (ne pas permuter de place par ex, le garage, la dînette, le matelas à roulades) afin de permettre à l’enfant d’explorer, de jouer dans la continuité.

Ainsi s'achève cet article. Je tiens à signaler qu'il  a été réalisé à l’aide de mes propres cr post-réunions mais aussi ceux de la modératrice du forum : £ugévinie . Je tenais à la remercier.

vendredi 18 juin 2010

Rencontres Pikler : La motricité du tout petit et son accompagnement par l'assistante maternelle

J'ai la chance d'habiter sur Lyon et de pouvoir ainsi assister régulièrement  aux réunions du groupe Pikler de la ville. Pour info, l’association Pikler réalise de nombreuses formations, conférences ou soirée débat, à Paris mais aussi en région. Vous trouverez leur programme ici :


Afin de vous donner un aperçu de ce que vous pouvez attendre de leurs réunions, et de vous donner envie d'y assister j'espère, je vous propose aujourd'hui un ancien cr  que j'avais posté à l'époque sur le forum. (oui je sais ça date un peu mais j'avais envie de vous causer très vite de motricité libre et j'ai rien de plus neuf sous le coude).

La réunion avait pour thème la motricité du tout petit et son accompagnement par l’assistante maternelle. Elle se déroulait dans le cadre des « Rencontres de Novembre des assistantes maternelles », soirée spéciale assistantes maternelles car en préambule l’animatrice  nous a précisé que notre métier était très peu représenté dans les autres réunions du groupe (pas présent, ou noyé dans la masse des autres professions). Il est donc apparu nécessaire de réaliser une rencontre spéciale pour nous.
Habituellement, je n’aime pas trop ce genre de rencontres entre collègues car j’ai remarqué que les assmats présentes sont souvent là contraintes et forcées la plupart du temps par leur crèche familiale et que du coup la qualité de l’auditoire s'avère médiocre et gêne le bon déroulement de la soirée. Cette fois-ci, je tire mon chapeau à l’ensemble des personnes présentes. Elles ont été exemplaires !!! Attentives, posant des questions pertinentes. Nous étions certes moins nombreuses mais toutes très intéressées, preuve que la mayonnaise commence à prendre peut être et que cette idée de motricité libre se fait enfin connaître.

La réunion a donc porté sur la connaissance du développement psychomoteur de l’enfant et de la façon dont on peut l’accompagner. L’intervenante était Sylvie Lavergne psychomotricienne.

Elle nous a en premier lieu défini la motricité comme le mode d’être corporel des enfants et nous a tout de suite invitées à ne pas tomber dans le « traquenard » de la comparaison, nous demandant d’avoir un regard unique envers chaque enfant.

Pour bien comprendre l’intérêt de la motricité libre il faut bien avoir en tête que l’enfant a une dynamique de développement. Tout enfant naît avec en préparation, le développement moteur prêt à s’exprimer (même un enfant handicapé). Ce bagage s’exprimera à son propre niveau. On accueille un enfant qui a tout ce qui lui faut, mais tout seul, il ne peut rien faire. Il est dépendant de nous. Il faut l’accompagner. On se place donc aidant, au côté de l’enfant, en lui faisant confiance. On doit se demander comment faire pour créer les conditions pour mettre en route le développement moteur de l’enfant. Cet enfant n’est pas fini ; il est en train de….. Il faut donc accueillir le bébé dans son immaturité.

Pour cela il faut savoir que tout enfant qui est invité à se découvrir passe par les mêmes étapes que les autres, chacun à son rythme propre. Ces étapes peuvent se diviser en deux grandes parties :

1° les Postures

2° les déplacements.

Pour simplifier les choses je vous joins ci-dessous un tableau vous décomposant ces différents stades.


I Les postures

Parlons tout d’abord des postures que l’on peut résumer par « placer son corps dans un rapport à l’espace ». C’est un gros travail pour le bébé que d’acquérir ces différentes postures.

Le plat dos :
La base fondamentale de la motricité libre sera de placer le bébé toujours à plat dos. Comme cela il ne subit pas ni masse, ni poids, ni déséquilibre trop important et dans tous les cas, pas de chute. Le corps est étalé, détendu, respirant. Il n’y a pas d’entrave par l’apesanteur ni de tension pour lutter contre la chute. Lorsque l’on place le tout petit dans une autre position, il en découle un enfermement du corps. L’enfant le retient. A plat dos au contraire, il réalise l’inventaire de son corps, une globalisation progressive de son corps. Il récupère les infos.

Le plat ventre :
On ne met pas l’enfant à plat ventre. Il se met à plat ventre. Même si il sait déjà le faire, on repassera toujours à plat dos d’abord qui est la posture de départ, celle qu’il connaît le mieux. Le plat ventre c’est le début de la verticalité. Il se repère dans l’espace pour pouvoir commencer les déplacements. Il n’est pas encore verticalisé.

La position assise :
Le bébé se met assis. Il se place dans l’axe vertical Il acquière un certain tonus qui lui permettra de passer à la verticalité. Il est important de ne pas brûler les étapes et de ne pas asseoir l’enfant car un enfant mis assis tasse sa colonne. Là, mon animatrice préférée nous a invitées à réfléchir sur le paradoxe du réflexe du coussin que l’on a toutes eu à un moment ou à un autre. Quand on assoit le bébé, on ne lui veut que du bien normalement, or, nous avons toutes ce réflexe d’installer un coussin derrière lui car on sait qu’il peut tomber. On crée donc nous même des conditions que l’on sait « insécuritaire » pour lui. Paradoxal non ? Plus généralement, un enfant mis assis ne peut pas quitter cette station assise. Il est donc dépendant de nous. On reconnaît un enfant qui n’a pas été mis assis à la position de ses jambes. Un enfant qui s’assoit seul a une jambe devant et une jambe derrière pour trouver son équilibre (jamais les deux jambes écartées en avant).

Les conditions :
Pour mettre un enfant en motricité libre il suffit donc d’un tapis, plan, ferme de 2 ou 3 cm d’épaisseur. L’animatrice nous conseille les tapis de motricité que l’on trouve en crèche ou dans les écoles mais nous conseille de le recouvrir d’un drap (housse de préférence pour ne pas faire de plis lors des tentatives de déplacements) pour avoir une température correcte, le plastique recouvrant les tapis pouvant paraître froid à l’enfant. Elle nous conseille aussi l’unité de lieu : placer toujours le tapis au même endroit pour que l’enfant se repère. On peut pour les besoins de notre profession avoir besoin de séparer ce « coin » bébé de l’aire de jeux des grands. On mettra alors un traversin autour pour délimiter l’espace. La psychomotricienne ne semblait pas être « pro-parc ». Elle a notamment expliqué qu’un parc pouvait donner aux plus grands des envies de transgresser cet interdit que représente la barrière, transgression paraissant d’autant plus intéressante qu’elle permet une régression de l’enfant qui se retrouve avec les plus petits. C’est ce qu’elle a expliqué à une assmat qui se demandait pourquoi sa fille venait toujours « embêter » les petits quand ils étaient dans la salle de jeux. Pour elle, le fait que les bébés soient habituellement placés dans un parc (donc séparés des grands) les rendait d’autant plus intéressants pour la petite une fois qu’ils étaient tous rassemblés. Un simple traversin pour délimiter l’aire de jeu des grands et des petits parait plus judicieux. L’interdiction ne saute pas aux yeux.

II les déplacements.
Pour les déplacements, je vous invite une nouvelle fois à vous reporter au tableau.
Le premier des déplacements est donc le passage dos-ventre. On remarquera que l’enfant réalise toujours ce déplacement en partant de la même épaule. Il est important de repérer le côté de prédilection de l’enfant pour pouvoir le remettre sur le dos lors qu’il se trouve coincé. Pour ne pas le déséquilibrer, nous devons repasser par le même côté que lui, en plaçant une main sur l’épaule qu’il connaît et une main sur le bassin. On ne le prendra jamais dans les bras directement en position plat ventre. On repassera par la position plat-dos.
On notera aussi que l’enfant apprend à marcher par le 4 pattes, que s’il y a un « raté » il repassera toujours par le déplacement qu’il a acquit ultérieurement. C’est une sécurité naturelle.

La réunion s’est terminée par le visionnage d’un petit film réalisé dans des groupes d’assistantes maternelles en plein stage de motricité libre. On y voit donc des enfants en séance. On peut remarquer qu’il y a très peu de jeux du commerce. Beaucoup de bassines, de bouées, de cartons. On remarque par contre beaucoup de tétines dans la bouche des bébés. La psychomotricienne nous indique que c’est parce qu’il s’agit d'un groupe d’assistantes maternelles débutant la formation et qu’elles ont donc besoin de se rassurer en même temps qu’elles pensent rassurer le bébé. Elle nous fait part de son projet de les amener progressivement à enlever les tétines car l’enfant ne peut pas profiter pleinement de son activité si sa bouche n’est pas libre.

Voila ceci termine mon petit cr. Je voulais aussi vous signaler la présence dans la salle pour la première fois, de 2 étudiants en psychologie venus épauler les membres du groupe en même temps qu’ils venaient s’informer sur le sujet. Preuve aussi que ça avance et que peut être un jour nous ne verront plus de « bébés-culbuto »

Sur Lyon, les prochaines rencontres "Assistantes Maternelles" du groupe Pikler se dérouleront le 18 novembre 2010. Pour en savoir plus :




jeudi 27 mai 2010

Pikler : Bilan après 2 ans de pratique.

Pour commencer, Gens du Oueb, on va parler ….. Pikler !!! Ça vous étonne ? Ben c’est qu’on se connaît pas alors !! Enchantée de faire votre connaissance. Les autres, je les vois, gloussant derrière leur écran. Oui Pikler (Emmi de son p’tit nom) c’est mon dada depuis quelques années. Faudra un jour que je vous explique comment je suis tombée dans la marmite. Pour l’heure, je veux simplement faire une sorte de bilan sur ce que cette découverte a changé dans mon quotidien.

Avant tout, je vous invite, si vous ne savez absolument pas de quoi je parle, à vous rendre chez mon ami Google pour faire, vous aussi, une petite plongée dans monde d’Emmi Pikler, cette pédiatre hongroise morte en 1984, connue pour avoir dirigé la pouponnière de Loczy créée pour les orphelins de guerre. Allez-y !! On vous attend.

C’est fait ? On y va alors !!

Cela fait maintenant un peu plus de deux ans que je base mon travail sur une approche « piklerienne » de l’éducation et je pense pouvoir maintenant faire un petit bilan professionnel sur cette façon de faire. Je vous livre donc mes impressions.

Tout d’abord, il faut peut être, pour celles et ceux qui n’auraient pas suivi mon conseil sus cité, que je rappelle les bases de cette approche telles qu’elles peuvent nous servir dans l’exercice de notre profession d’assistante maternelle.

Travailler « à la Pikler » donc, c’est donner une importance primordiale à la motricité libre : dès 3 mois, l’enfant est donc placé le plus souvent possible à plat dos sur un simple tapis, l’assistante maternelle ayant pris soin de posé autour de lui des jeux adaptés à son évolution.

Ce bébé ne sera jamais mis dans une position qu’il n’a pas expérimenté de lui-même, si bien qu’il ne sera jamais assis avant qu’il ne sache le faire tout seul, qu’il ne sera jamais aidé en le tenant par les mains pour le faire marcher. Ainsi trotteur, transat et même chaise haute ne seront pas utilisés. Plus tard l’enfant expérimentera de lui-même son environnement et les jouets qui sont mis à sa disposition, ce qui implique qu’on ne lui montrera jamais comment poser la pièce de son puzzle ou comment emboîter des éléments. D’une manière générale, on ne lui apprendra rien au sens pédagogique du terme avant qu’il ait au moins 18 mois.

Travailler « à la Pikler » c’est aussi accorder aux soins et aux repas une importance telle qu’ils doivent toujours être source de bien-être pour l’enfant. Chaque enfant accueilli doit sentir que ces moments lui appartiennent totalement et qu’il peut faire confiance à l’adulte. Les gestes doivent être toujours très doux, sans oublier auparavant d’expliquer chaque geste à l’enfant. Tout conflit avec l’adulte doit être évité.

Travailler « à la Pikler » c’est enfin faire une totale confiance à l’enfant qui a les capacités d’être le moteur de son propre développement.

Lorsque j’ai commencé à travailler de cette façon, je ne pensais pas que les résultats seraient si probants.

Je tiens à signaler en tout premier lieu qu’au point de vue acquisition des postures (station assise, marche…) il n’y a aucune différence. Les enfants que j’ai accueillis depuis deux ans ont marché à peu près au même âge que ceux que j’avais stimulés à outrance en me cassant le dos pour leur « apprendre » à faire leur premier pas. Je tiens à faire cette remarque en premier afin de rassurer les personnes qui pourraient penser que laisser faire l’enfant va provoquer un retard dans les acquisitions.

Mais la chose la plus spectaculaire je trouve, c’est que depuis deux ans, je n’ai à déplorer aucune chute, incident ou accident (je touche du bois !!!) qui auraient nécessité l’utilisation de la trousse d’urgence, si bien que je me suis aperçue par hasard que je n’avais pas racheté d’Hémoclar depuis longtemps et que celui que j’avais était périmé.

Je ne dis pas que les enfants ne tombent pas, mais ils ne se font pas mal. Comme on ne les sollicite pas, ils se lancent dans une exploration de l’espace seulement s’ils sont suffisamment sûrs d’eux.

Un exemple précis : le toboggan. Avant j’aidais les enfants à monter sur les marches, je les tenais pour ne pas qu’ils tombent. Il en résultait un stress important de ma part, car les enfants eux ne faisaient pas attention au fait que j’étais là pour les assurer ou pas. Il est donc arrivé qu’ils tombent en essayant de faire seul, un acte qu’ils n’étaient pas capables de faire. Maintenant je ne les aide plus et aucun ne s’est lancé dans l’ascension d’un toboggan si il n’était pas dans la capacité d’arriver jusqu’à bout. Bilan de l’opération Nounou n’est plus stressée et je ne vous dit pas le plaisir de l’enfant quand il arrive enfin à faire comme les copains sur le toboggan. L’aider à monter c’est le priver de ce plaisir.

Au niveau des soins, le changement de couche n’est plus vécu de ma part comme une corvée à laquelle il faut se soumettre. C’est un réel moment d’échange avec l’enfant qui très vite participe activement à son change. Il n’y a pas de pleurs, et l’enfant est serein.

Les repas en général se passent bien pour ce qui est des tout petits. Pour les plus grands, il arrive, au moment de l’apparition des « néophobies » que les repas soient un peu moins cool qu’avec un bébé mais je fais confiance à l’enfant et ce n’est donc plus une source de conflit.

Les parents sont en général satisfaits, d’autant plus que désormais, j’arrive à leur expliquer mon travail en véritable professionnelle, ce qui n’était pas forcément le cas au début. Certains parents m’ont fait remarquer que cette façon de faire donnait aux enfants le goût de l’effort et de ce fait, en faisait des êtres ouverts à la découverte et avides de connaissances.

Bien sûr, cela ne règle pas tous les problèmes (ce serait trop simple) et toutes mes réticences du début n’ont pas disparues.

Notamment j’avais peur que cette façon de faire qui fait que tout conflit avec l’adulte est évité à l’enfant ne prépare pas celui-ci à une socialisation correcte. Et il se trouve que j’ai remarqué effectivement que les enfants que j’accueille ont un peu de mal à se faire à l’ambiance de la ludothèque par exemple. Ils sont très vite affolés lorsqu’une nounou crie un peu trop fort, cherchent souvent à se rapprocher de moi et reforment souvent les binômes de la maison, plutôt que de se faire de nouveaux petits copains. Mais à vrai dire, je n’en ai jamais discuté avec les autres assistantes maternelles et peut être que cette façon de faire est commune à tous les enfants. En fait je reporte peut être sur eux mes propres angoisses et c’est à moi de faire un travail psychologique là-dessus.

Une autre chose aussi qui a son importance, travailler ainsi ne m’a pas permis de résoudre tous les conflits qui peuvent se produire entre les enfants. La jalousie, les envies de piquer le jeu du voisin, les disputes voire même les violences existent toujours. Mais là aussi, je pense que c’est à moi de travailler là-dessus. Notamment pourquoi ne pas acheter les jeux en deux exemplaires identiques afin d’éviter quelques conflits. Au lieu d’avoir 6 jeux d’encastrement différents, ne serait-il pas plus judicieux d’en n’avoir que 3 mais en double !

Je pense aussi que je dois rester vigilante et arriver à anticiper les conflits pour pouvoir, pourquoi pas, proposer une activité plus dirigée lorsque la tension monte.

Enfin pour conclure, je dirais que le bilan est quand même largement positif et mon travail beaucoup plus intéressant.

Voila pour mon ressenti. J’aimerais que vous me disiez ce que vous en pensez (enfin pour ceux qui auront eu le courage de me lire jusqu’à la fin !!!!)